Comme_Dieu_le_veut.jpgCristiano Zena est un gamin de treize ans qui vit seul avec Rino, son père alcoolique et skinhead dans une banlieue désolée, d'une ville désolée du sud de l'Italie. Cristiano essaye d'éviter les baffes de son père, de regarder les filles du collège dans les yeux ou d'impressionner le beau gosse du collège sur sa moto. Les deux potes de son père, Danilo dont la fille est morte étouffée dans son siège bébé et Quattro Formagi l'orphelin, à moitié carbonisé par sa canne à pêche en carbone - elle a touchée une ligne à haute tension - sont à peu près aussi vernis.

Après s'être fait souffler un boulot de terrassier par des africains clandestins, forcément moins chers qu'eux, les trois comparses décident d'envoyer bouler la société en faisant un casse contre la banque de leur ville. Ils ont tous vu le mode d'emploi à la télé : une voiture bélier et le tour est joué. Ils seront riches et pourront s'acheter leurs rêves.

Pour des paumés comme eux, ça ne peut pas fonctionner comme sur des roulettes. Il y a toujours un hic pour tout faire foirer. En l'occurence, une tempête, une grosse tempête qui va dévaster la région, la ville et leur plan, leur amitié et leur dignité. Ils vont tous péter un câble et en paieront les conséquences au prix fort. Car pour des laissés-pour-compte comme eux, la vie est impitoyable : les trois hommes n'ont plus aucune raison d'espérer intégrer la société d'argent, de ciment et de paillettes que la télé de Berlusconi, les journaux de Berlusconi leur imposent. Quant à Cristiano, plus du tout gamin, c'est en prenant les baffes des autres qu'il va devenir adulte.

Niccolo Ammaniti déploie un talent rare, fait de tendresse et de violence, pour nous peindre le portrait - la fresque devrait-on dire, tant il y a de souffle dans sa tempête - de toute une population de l'Italie qu'incarnent ces délaissés du XXIe siècle. Laissez-vous porter par cette tempête de maux, par sa poésie désespérée.

Comme Dieu le veut
Niccolo Ammaniti,
Grasset, 03 septembre 2008.
Roman
Traduit de l'Italien.
RENTRÉE 2008
Prix Strega 2007