French_tabloids.jpgLe pouvoir politique a toujours manipulé l'opinion publique pour remporter une élection. C'est l'essence même d'une campagne, c'est l'essence même de la politique. Gagner coûte que coûte, quelques que soient les moyens utilisés est par contre moins fréquent. Richard Nixon s'est cru au-dessus des lois qu'il était censé protéger en tant que Président des États-Unis d'Amérique. Il a espionné ses adversaires et des journalistes l'ont fait tomber.

Presque quarante ans plus tard, l'opinion publique française lit dans le Canard Enchaîné (édition du 3 novembre) que le Président de la République Française, qui est censé protéger les lois, utiliserait tous les moyens à sa disposition pour réduire au silence les sources des journalistes qui le critiquent le plus durement.

Le pouvoir a toujours surveillé les journalistes de près ou de loin selon les époques et les régimes. En France, depuis l'été 2010, une campagne de politique sécuritaire - qui ressemble étrangement à celle précédant les élections présidentielles de 2002 - est proposée aux électeurs sensibles à leurs sécurités, à leurs peurs. Expulsions de Roms, menaces terroristes, etc. Mais aussi, une surveillance accrue, visible en tout cas, des journalistes qui fouillent un peu trop autour du financement de la campagne présidentielle de Édouard Balladur en 1995 et de l'affaire Bettencourt.

Dans French tabloïds, Jean-Hugues Oppel nous offre une relecture magistrale de l'année qui a précédé les élections de 2002. Une officine travaille l'opinion publique, les politiques et les journalistes pour réélire le Candidat. Leurs méthodes utilisent tout ce qui est légale ou pas. Tout savoir sur les députés et les maitresses des ministres, tout savoir sur les journalistes qui osent faire leur boulot de journalistes. Tout savoir pour tout prévoir pour écraser l'adversaire, pour gagner avant même que les électeurs connaissent le nom des candidats du deuxième tour. Quitte à violer leur vie privée, menacer leurs familles et détruire leurs carrières. French tabloïds est à lire rapidement pour découvrir un superbe roman noir bien sur, mais aussi pour comprendre que la politique c'est d'abord des coups bas, encore des coups bas et toujours des coups bas.

French tabloïds
Jean-Hugues Oppel
Rivages
Rivages Noir
Septembre 2008
448p. 9.50 €.