Le_Prince.gifLe Prince de Machiavel a 500ans en 2013. Qui l’eut cru à la hauteur, à la fraicheur et au cynisme de ce texte?


En effet, si le machiavélisme (1) a tronqué le propos de son auteur pour en faire la définition d’un comportement malfaisant, Le Prince n’en demeure pas moins un traité de conquête du pouvoir inégalé en Occident et seulement comparable à l’Art de la Guerre du chinois Sun-Tsu (rédigé aux alentours du Ve siècle avant J.C.) et du Traité des Cinq Roues du japonais Miyamoto Musashi (XVIe siècle). Certes, le français Gabriel Naudé dans Considérations politiques sur les coups d’État (2) s’y était essayé mais n’a jamais atteint ni l’intelligence du texte de Machiavel et encore moins sa réputation.

Ce Prince de Nouveau Monde éditions avec Jacqueline Risset (3) à la traduction et présenté par Patrick Boucheron (4) est une introduction riche et précise. Malgré la courte phrase du florentin au chapitre XV mon intention est d’écrire chose utile à celui qui l’entend les historiens s’interrogent encore sur son ambition. Expliquer la conquête du pouvoir par un homme ? Le garder ? Le prendre à un homme par le peuple pour le peuple ?

La richesse iconographique de cette édition aide à mettre des images sur la Renaissance. Sur ses villes, Florence, Sienne, Ravenne, Rome, Venise ; leurs systèmes politiques Duché, République, Royaume; ses hommes enfin comme Laurent de Médicis, Les Pazzi, les Sforza etc… Ses cartes physiques, ses peintures par Vasari, Raphaël, Titien, Leonard de Vinci, ses sculptures par Michel-Ange ou Danese Cattaneo, ses livres etc… éclairent brillamment ce texte, son époque et son contexte.

Sur le tombeau de Nicolas Machiavel (ci-contre) surmonté d’une allégorie de la Diplomatie, réalisé par Innocenzo Spinazi en 1787, est gravé l’éloge suivant TANTO NOMINI NULLUM PAR ELOGIUM «Aucun éloge n’égale un si grand nom». Et si Le Prince était d’abord un éloge de Machiavel ?

Tombeau_Machiavel_Santa_Croce_Florence.jpg

(1) Le Machiavélisme a été inventé en 1576 par l’auteur de L’Anti-Machiavel le français Innocent Gentillet.
(2) Gabriel Naudé Considérations politiques sur les coups d’État suivi de Naudaena, Le Promeneur, 2004.
(3) Professeur de littérature française. Elle a traduit « La Divine Comédie » de Dante (Champ Flammarion, 2010). LA traduction de référence.
(4)Professeur d’histoire médiévale, spécialiste du Quatroccento, il a notamment publié L’Histoire du monde au XVe siècle (éd. Fayard, 2009).

Le Prince de Nicolas Machiavel
Trad. Jacqueline Risset (1)
Présenté par Patrick Boucheron (2)
Ill. choisies et commentées par Antonella Fenech Kroke
Nouveau Monde éditions
225p. 49e
Octobre 2012

Article publié le 7 janvier 2013.

 

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