Un jour viendra 2.jpgRENTRÉE 2020 Est-ce que les contes ont une couleurs ? Dans l'esprit de Grégoire Delacourt, et sous sa plume, assurément. Chacune est associée à un évènement, un caractère, une qualité et nous parle de la tristesse de la France d'aujourd'hui au travers du regard de Geoffroy.

Geoffroy, petit adolescent autiste, prend son petit déjeuner en fonction des couleurs des aliments qui le compose, connait parfaitement le nombre de pas qui le sépare de son collège et fini par accepter la main que lui tend la douce Djamila, incomprise elle aussi dans sa famille car trop française trop moderne. Geoffroy n'aime pas le jaune, et son père Pierre est très Gilet Jaune, tous les week-end sur les rond-points à exprimer sa colère. Sa colère contre le pouvoir, sa colère de n'avoir jamais compris son fils. Sa mère enfin, préfère le blanc de sa tenue d'infirmière. Avant elle accompagnait les tout-petits dans la vie, maintenant que Geoffroy ne veut pas qu'elle le prenne dans ses bras et que Pierre préfère ceux d'une autre, elle accompagne les mourants. Djamila, c'est le vert Véronèse, la couleur de ses yeux, c'est aussi la couleur préférée de Goeffroy.

Ces deux-là se comprennent à demi-mot, dans le monde de "vérité poétique" de Geoffroy. Dans le monde de vérité tragique de leurs parents, il y a la vérité sociale, celle d'un pays qui ne sait plus nourrir ses enfants pauvres, il y a une vérité politique d'un régime qui envoie ses milliers de policiers contre les Gilets Jaunes chaque week-end. Au milieu de toutes ses vérités, Grégoire Delacourt dresse le tissus de la société française dans laquelle la poésie et la fragilité de deux enfants n'ont plus leur place. La barbarie des fous d'Allah et les politiciens insensibles finiront par les détruire. Un roman fait de poésie, même tragique, c'est une bulle d'innocence à goûter dans son coin pour croire encore un peu l'innocence du monde.

Un jour viendra couleur d'orange
Grégoire Delacourt
Grassset
272p. 19,50€
Août 2020