L_invention_de_la_pauvrete_.jpgÀ quoi sert le pauvre ? Et plus particulièrement « le milliard de pauvres qui vit avec un dollar par jour » ? À donner une contenance et un boulot (grassement rémunéré) aux les haut-fonctionnaires de l'ONU, de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International. Tout simplement !

Tel est le postulat de Tancrède Voituriez au travers de ses trois personnages principaux : Rodney, un économiste aux méthodes ultra-libérales mais sûr de ses vaccins économiques contre la pauvreté, teste ses méthodes sur un village-témoin et compare avec un autre auquel il n’inflige pas ses méthodes. Les morts ne sont que des dégâts collatéraux dûs à la mauvaise application de ses méthodes qui sont mathématiquement et statistiquement infaillibles. Les statistiques sont sa raison de vivre.

Jason est un brillant professeur d’université, spécialiste du décompte des poissons ou mammifères et jouit de la vie et des femmes autant qu’il le peut. Entre les deux, Vicki, splendide échantillon de pauvre, un jouet fragile mais irrésistible, que Rodney a tiré de sa pauvre campagne pour lui offrir une vie de privilégié à New York et, accessoirement, alléger sa conscience.

Dans un style fluide et efficace, Tancrède Voituriez dénonce l’hypocrisie des puissants qui aspirent moins à la diminution du nombre de pauvres qu’à accéder au bonheur d’une société sans contact avec les pauvres. Dérangeant et ironique, L’Invention de la pauvreté ne vous laissera pas indifférent.

L’invention de la pauvreté
Tancrède Voituriez
10/18
432p. 8,40€
Janvier 2015